Serafino Malaguarnera - Psychologue, Psychanalyste, Psychothérapeute à Bruxelles

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Stade du miroir

                


Lors d’une intervention (1) au congrès de l’International Psychoanalytic Association à Marienbad en 1936, J. Lacan introduit le stade du miroir. Cet auteur donnera un compte rendu écrit de cette intervention seulement en 1949, intitulé « Le stade du miroir comme formateur du je telle qu’elle nous est révélée dans l’expérience psychanalytique » (2) . Dans cet écrit de 1949, Lacan expose le stade du miroir qu’il situe  entre le 6ième et 18ième  mois de vie. Il s’appuie, en partie, sur les travaux de Köhler (3) concernant l’aperception situationnelle et les observations de Baldwin. A partir d’une correspondance entre la  perception visuelle et  la perception  cénesthésique des mouvements du corps, apparaîtrait le moment d’intégration, et donc de mise en commun entre le corps et l’image. Le raisonnement suivant, bien que d’une manière inconsciente, se mettrait en place chez le bébé: « quand je me sens bouger, l’image bouge exactement au même moment ; je souris, elle sourit ; donc c’est bien moi ». Le phénomène de reconnaissance, attesté par les signes de jubilation sur le visage du bébé qui caractérise sa rencontre avec son image reflétée (4), se produirait à partir de ce moment d’intégration. Bien que Lacan ait mis l’accent sur le moment de la reconnaissance, il y a surtout une autre raison qui l’a poussé à introduire le stade du miroir dans le domaine psychanalytique. En effet, ce que nous avons appelé « moment d’intégration » n’est pas uniquement la source du phénomène de la reconnaissance, mais aussi d’un phénomène appelé « identification ». En psychanalyse, ce terme se réfère à un processus qui produit une transformation, un changement chez le sujet lorsqu’il assume une image. Cette première assomption est cruciale pour l’identification du sujet, c’est-à-dire pour l’acquisition de ce que nous appelons une identité. Le stade du miroir manifesterait donc un dynamisme affectif essentiel pour l’être humain.

Il y a aussi un autre aspect important à retenir de ce stade. La jubilation avec laquelle l’enfant salue son image reflétée dans le miroir traduirait le plaisir de recevoir de cette image une « gestalt », une unité alors que du point de vue de la maturation physiologique il n’a pas encore une maîtrise sur la coordination motrice. Lacan trouve une confirmation, quant à l’importance qu’il accorde à la forme, dans des données de l’éthologie animale qui montrent certains effets de maturation et de structurations biologiques opérées par la seule perception visuelle du semblable. Il cite uniquement les travaux de R. Caillois connu pour ses essais de description du mimétisme animal et végétal. Lacan retient surtout l’effet morphogène de l’image à certains moments : des êtres vivants rencontrent, pendant leur croissance, des formes dont la seule perception ont une influence décisive sur leur développement ultérieur. Quant à l’être humain, la forme du corps propre reflétée dans le miroir permettrait à l’enfant d’anticiper une unité que réellement il n’a pas étant donné qu’il n’en a pas encore les moyens neuroniques et moteurs.  Cette unité anticipée découvre en retour un corps qui, du fait de cette nouvelle réflexivité, va se sentir morcelé (Corps morcelé). Ainsi, le morcellement ne serait pas une donnée  première  dictée  par une cénesthésie chaotique, mais il serait comme le choc en retour de cette unité donnée trop tôt dans l’image ; il serait un fait d’image. Cette unité anticipée se produit au travers de l’identification à l’image spéculaire. Cependant, cette mise en forme n’a aucune valeur de plénitude ou de résolution car il y aura toujours la tension initiale entre une insuffisance réelle, c’est-à-dire l’état réel de l’enfant au moment où il se reconnaît dans le miroir, et l’anticipation d’une totalité virtuelle.

Après un siècle d’observations et de réflexions théoriques, la plupart des auteurs partagent l’idée que les moments les plus importants qui caractérisent l’impact du miroir sur l’enfant se situent dans le laps de temps indiqué par Lacan. Voici ces moments d’une manière schématique 

 

-         Vers l’âge de 6 mois, l'enfant qui voit son père dans le miroir se retourne lorsqu'il parle. Selon H. Wallon, à partir de ce moment l'enfant commence à faire la différence entre le modèle et son reflet ;

 

-         Vers l'âge de 8 mois l'enfant manifeste sa surprise à la rencontre de son image, il essaye de la toucher et s'étonne de rencontrer la surface du miroir. A cet âge, il se regarde dans le miroir à l'appel de son nom. Son image spéculaire (dans le miroir) a pour lui autant de réalité que son corps qu'il sent ;

 

-         Vers 1 an l'enfant commence à accorder à son image spéculaire une réalité plus symbolique. Il peut toucher une partie de son propre corps en se référant à son image dans le miroir, cependant ses gestes sont beaucoup plus maladroits et imprécis que dans une situation normale. L'image dans le miroir devient pour lui un symbole, elle renvoie à autre chose qu'elle-même ;

 

-         Vers 16 / 18 mois l'enfant n'est plus animé par un sentiment de joie face à son image, mais manifeste plutôt un sentiment de perplexité. Il s'interroge sur la nature de cette image et l'explore, il fait des expériences et compare son image et son corps réel. Ainsi c'est à la fin de cette période, aux alentours de 18 mois, que l'enfant réussit ce qu'on appelle l'épreuve de la tache : il parvient sans erreur ni hésitation à toucher une tache sur son propre corps alors qu'il ne la perçoit que dans le miroir.

 

A partir de son premier séminaire, Lacan reprendra le stade du mioir à travers le schéma optique.

 

 

1 - Lacan J., Le titre de l’intervention est « The looking-glas phase » qui apparaît dans la revue officielle de l’I.P.A., l’Internaional Psychoanalytic Association, tome I, p. 115, mais le contenu n’y apparaît pas. L’unique source d’information disponible sur ce travail sont les notes prises par Françoise Dolto lors d’un exposé préliminaire que fit Lacan à Paris, devant les membres de la Société Psychanalytique de Paris. Cf. Le Gaufey G. Le lasso spéculaire. Une étude traversière de l’unité imaginaire. Paris : E.P.E.L., 1997.

 

2 - Lacan J.(1948) « Le stade du miroir comme formateur du je telle qu’elle nous est révélée dans l’expérience psychanalytique »  in : Ecrit, Paris : Seuil, édition en poche, 1966, p. 92-99.

 

3 - Köhler W.  The mentality  of apes, Routledge and Kegan. London : Paul, 1925, trad.It. « L’intelligenza nelle scimmie antropoidi ». Firenze : Giunti Barbera, 1961.

 

4 - Lacan J. (1949) « L’agressivité en psychanalyse » in : Ecrits, Paris : Seuil, édition en poche, 1999, p. 112.

 


 


 
Extrait de “Dictionnaire de neuropsychanalyse" de Serafino Malaguarnera, 12 octobre 2016, pp. 430.

Selon Gérard Pommier (2004), le lobe préfrontal, avec ses neurones-miroirs et sa fonction intégrative, est le siège de la réflexivité. Ici se constitue le stade du miroir grâce à l’intégration entre la réflexivité du miroir et la parole qui permet l’assomption du je.              

 

Compléments :                                                                                                                                                    
Conscience de soi, Lacan Jacques, Membre fantôme,  Pommier Gérard, Sujet

 


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